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Erik Marchand
Chanteur
et clarinettiste, Erik Marchand est l'un des artisans de la musique
bretonne actuelle dont l'évolution et la riche diversité musicale sont pensées,
je dirais, de manière philosophique. Né
à Paris d'une famille originaire de Quelneuc en pays Gallo, il oscille dans son
enfance entre un grand-père qui chante et un père qui joue de la guitare.
Amateur de musiques du monde, il découvre, pendant son adolescence, un
enregistrement de fest-noz
que son père possède. C'est le déclic. Il
se lance alors dans le collectage de chants traditionnels, en région de
Rostrenen, en Centre Bretagne, souvent auprès de sa famille ou d'amis, lors de
ses vacances. Il profite aussi de ses séjours pour apprendre le breton. Il
participe à un cercle
celtique, en jouant du biniou,
" c'était pour moi une manière précise d'apprendre à connaître la
musique bretonne ". Il chante aussi en gallo, dans des festoù-noz
de la capitale, avant de se lancer dans le kan ha diskan (chant et dé-chant)
avec Erik Salaün et Yves Castel. C'est à l'âge de dix-huit ans
qu'il découvre dans un fest-noz
à Paris, la voix de Manuel Kerjean. Fasciné par l'expression et les
subtilités de cette voix, il se décide à le rencontrer, pour apprendre auprès
de lui la technique du chant traditionnel breton. Manuel le teste, avant
d'accepter. C'est
alors qu'Erik Marchand quitte Paris pour Rostrenen, une fois son bac passé.
Il commence à rencontrer régulièrement Manuel et à apprendre auprès de lui,
à la fois le chant mais aussi la culture et la langue bretonnes. En 1975, il s'établit
définitivement en Bretagne pour y travailler et y chanter. Quelques mois après,
il monte pour la première fois sur scène avec Manuel Kerjean. Le public
a apprécié. Ils ont fêté en 1995, leurs vingt ans de scènes communes. En
même temps qu'il apprend le chant, Erik continue à jouer de la clarinette
bretonne (Treujenn Gaol) et s'investit dans l'apprentissage de la gwerz
(complainte dramatique traditionnelle, aux origines souvent confuses). En 1976,
il travaille à Dastum, pour classer et répertorier des enregistrements.
Il y découvre la voix de Madame Bertrand et les superbes mélodies de
ses gwerzioù (Iwan Gamus...). Il entend un nouveau répertoire, qui le
passionne et à son tour, se met à l'interpréter. Ce répertoire disparaissait
progressivement depuis 1970... C'est
à ce moment qu'il décide de passer professionnel. En
dehors des fêtes de nuit qu'il anime, souvent avec Manuel Kerjean, Marcel
Guilloux (...), il enregistre pour Armen / Le Chasse-Marée, une
partie de l'Anthologie de Chants de Marins (volume II, III, IV, VIII) et
de chants de bateliers, jusqu'en 1985. L'interprétation de ces chants l'amènera
à participer au disque « Gwerz Penmarc'h » du groupe Cabestan
(Arnaud
Maisonneuve) en 1989. Il participe aussi à la création d'un
Trio avec Gilbert Bourdin et Christian Dautel, avec qui il signe
deux disques, Chants à Danser de Haute-Bretagne (Dastum, 1982) et Chants
à Répondre de Haute Bretagne (Le Chasse-Marée, 1985). Il
participe à la fondation du groupe Gwerz,
dont le premier album Gwerz, Nouvelle Musique de Bretagne sort en 1985,
suivi trois ans plus tard par Au-delà (Grand
Prix de l'Académie Charles Cros), et enfin de Gwerz Live. La
formation, après une séparation de quelques années pour raisons
professionnelles, prépare un nouvel album et un retour remarqué. On l'attend
avec impatience. En
1988, il rencontre Thierry
Robin avec qui il entame un travail d'analyse et de repérage
musicaux du Centre Bretagne (qui s'avère très proche des musiques orientales).
Ce travail fera aussi l'objet de deux disques. Le premier, un duo : « An
Henchoù Treuz », obtient le Prix
de l'Académie Charles Cros. Le deuxième, disque magnifique : « An
Tri Breur » (Les Trois Frères) réunit en trio,
les deux compères et Keyvan Cheminari. Le Trio
Erik Marchand, ainsi formé, invite entre autres Yann-Fañch
Kemener à venir partager l'expérience musicale. Mais
il n'en oublie pas pour autant la clarinette, il participe à deux compilations
de sonneurs de clarinette (chez Le Chasse-Marée) et signe aussi deux disques
avec le
Quintet
de Clarinettes, fondé par
Michel
Aumont et dont il est membre. Sa
passion pour les musiques traditionnelles l'invite à s'intéresser rapidement
au cas de la Roumanie et de ses Tarafs. Il apprend le roumain et
entreprend le voyage dans la région du Banat. Depuis, il séjourne plusieurs
mois par an dans cette région. Lors du festival de clarinette à Glomel (22),
il invite Le Taraf
de Caransebes, avec qui il fait un disque, « Sag An
Tan Ell », mélangeant sons bretons et sons roumains, aux
influences serbes. Puis ils produisent ensemble un nouvel opus DOR+. Enfin,
fin 1997, il se réunit en trio
en compagnie de Jacques
Pellen et Pablo Fresu pour un album aux sons particulièrement
celtiques. Mais
Erik ne s'arrête pas à l'interprétation musicale, il co-fonde et dirige le
label Gwerz Pladenn (édition Coop Breizh), sur lequel il
enregistre certains de ces disques. Il produit aussi des disques de musiques
tziganes et roumaines et devient conseiller artistique sur d'autres disques.
Enfin, il participe à l'effort de promotion des musiques traditionnelles
roumaines. Erik
se prête volontiers aux regards des caméras pour des films (« Gwerz »,
JC Huitorel ; Blues d'en France, Y de Peretti...), des reportages
ou des émissions télévisées (FR3, La sept, Arte, TV5, Planète) et participe
aussi à des émissions radiophoniques. Il a aussi animé des ateliers de musiques traditionnelles avec notamment Marcel Guilloux. Et pour finir, il renseigne volontiers les artistes en mal de critiques constructives, mais avec modération...
Erik
Marchand participe également à la Celtic Procession de Jacques
Pellen, aux côtés d'Annie
Ebrel, Riccardo Del Fra, Les Frères Guichen... Jérémie
Pierre JOUAN. Sources
: MOELO
Serge, « Le Témoignage d'Erik Marchand », revue MODAL n°4,
septembre 1986. STEPHAN,
« Erik Marchand, Une Voix qui Voyage », Le Journal des Bretons
(~1994). Discographie Erik Marchand (offerte par Mme Le Meur) in B.E.D. Corrections
: Erik Marchand (DROM) |