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NIOU BARDOPHONES Les Niou Bardophones
sont issus d’une longue tradition bretonne de fusion musicale. Et dans ce
domaine, l’on pensait avoir tout vu, du mariage électro de Denez
Prigent, aux sons numériques d’Alan
Stivell, au Jazz de Didier Squiban
ou Roland Becker, mais la
surprise est, ici, de taille. Le mariage entre le free jazz et la musique
bretonne pourrait bien marquer une petite révolution comme ce fut le cas dans
le jazz. La formation, qui puise ses origines dans le jazz et la musique
traditionnelle, se compose de Ronan Le Gourierec (saxophone baryton,
membre d’Occidentale de Fanfare, Docteur Noz, Les Frères
Goa-Tech…), d’Erwan Keravec (cornemuses, membre d’Occidentale
de Fanfare, avec Didier Squiban),
de Guénolé Keravec (bombarde, trélombarde, Bagad
Locoal-Mendon Roñsed-Mor), de Pierre-Yves Prothais et Pierre
Le Toux (batterie), ces deux derniers s’alternant tant sur le disque
qu’en concert. Les Niou Bardophones,
dont le nom étrange, non sans rappeler un attachement à la musique bretonne,
vient également de la composition de trois instruments de la formation, biniou,
bombarde et saxophone. Leur musique est tout
aussi étrange que leur nom. A une interprétation free jazz vont se marier des
rythmes celtiques traditionnels de danses, de piobaireachd, de gwerzioù.
Toute la celtie défile en calque sonore au gré des ambiances et mélodies
développées. Les Niou Bardophones ne s’arrêtent cependant pas aux
frontières de sels, leurs pas les amènent à explorer les rythmes orientaux,
notamment sur une reprise d’un thème turque. Avec la force et le panel du jeu,
du rythme en jazz, les Niou bardophones s’emploient à moduler leurs
ambiances par des cassures, digressions musicales. Sur certains thèmes, la
formation, à la première écoute, présente sa musique sous forme d’un
dialogue cacophonique entre instruments, où tous, semblent vouloir s’exprimer
à la place des autres, et progressivement, cette course à l’expression nous
amène à concevoir de nouvelles lignes mélodiques, un univers musicale autre
qui devient de lui-même parfaitement cohérent, avec ses sons sans cesses
renouvelés, produisant, dans l’alternance des échanges, des phénomènes de
réponds chers à la musique à danser bretonne et géométriquement variables
au cours du dialogue. Cette maîtrise de
l’ouvrage acquise par les Niou Bardophones, lors de leurs précédentes
tournées (Festival Interceltique de Lorient), traduit la qualité de
leur premier album « Air de Rien » paru chez Buda Musique.
Leur travail, enrichit par les expériences des Bagad
Locoal-Mendon et Men Ha Tan, les formations plus excentriques
comme celles des Frères Goa-tech ou de Docteur Noz, s’est mûri
en concert, après deux années de tournées marquantes. Ce nouveau concept, qui
nécessite plusieurs écoutes pour être pleinement apprécié, tant cette
musique est construite, devrait marquer une nouvelle étape dans l’évolution
moderne de la musique bretonne. Jérémie Pierre JOUAN Sources :
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